Monastère Saint Silouane

Epreuve

9/9/2018 Jn III, 13-17 Lc VIII, 16-21

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Aujourd'hui nous sommes entre plusieurs fêtes : nous avons fêté hier la Sainte Nativité de la Mère de Dieu ; aujourd'hui nous fêtons les Ancêtres du Christ, Joachim et Anne et déjà se profile la fête de la croix et l’Evangile en fait mention. Entre ces trois fêtes, il y a des liens, bien évidemment, des liens spirituels. Le lien premier c’est la croix car, en effet, la Mère de Dieu dont nous célébrons la fête de la Nativité va accueillir dans tout son être ce que son fils vivra à la fin de sa vie terrestre, la crucifixion. Elle souffrira à ce moment-là profondément, elle sera dans l’épreuve. Joachim et Anne ont été aussi dans l’épreuve et ont souffert car déjà âgés ils ne parvenaient pas à avoir d’enfants : quoi de plus douloureux pour un couple, pour une femme, pour un homme de ne pas donner naissance à un enfant. Cette forme de croix ils l’acceptaient, ils l’offraient à Dieu et le miracle s’est produit : ils ont pu donner naissance à la Mère de Dieu. Le Christ Lui-même vient sur terre – comme il est précisé à la fin de l’Evangile – non pas pour condamner le monde mais pour le sauver et c’est là la clé de toutes ces fêtes en définitive. Marie, Mère de Jésus, Mère de Dieu, Joachim et Anne, sont en quelque sorte de notre famille : ce sont des hommes et des femmes de la terre. Ils vont avoir le bénéfice, tout en passant par la croix, de ce que le Seigneur Jésus vivra sur la croix, ce bénéfice que nous recevons nous aussi. Mais il faut bien comprendre que nous ne pouvons accéder au bénéfice de la croix, c'est-à-dire la Résurrection, le salut, sans passer par les épreuves qu’ont connues Joachim, Anne, Marie et le Christ. L’épreuve, nous disent les Pères, est une chose nécessaire ; ce n’est pas Dieu qui provoque l’épreuve ; l’épreuve elle vient de nos faiblesses, de nos difficultés, du démon aussi qui nous attaque mais Dieu se sert de l’épreuve et nous appelle à accueillir l’épreuve pour la dépasser, pas en s’y enfonçant du fait de la souffrance qui est inévitable mais en dépassant l’épreuve, en allant au-delà pour que nous puissions bénéficier de la joie du salut. Et c’est pour cette raison que, sur cette terre, les uns les autres, vous, moi, nous avons des moments d’épreuve, des moments toujours difficiles car nous sommes faits pour la plénitude de l’amour, pour la plénitude de la paix ; c’est notre vocation fondamentale mais il arrive que nous passions par des moments durs, lourds qui, quelque fois, nous broient le cœur mais le Seigneur nous invite à dépasser ce moment … pas seul, pas seule, en criant vers Lui. N’oublions pas que le Christ à Gethsémani à crier vers le Père ; sur la croix, Il a crié vers le Père. C’est l’exemple sublime qui nous est offert. Lorsque nous sommes dans l’épreuve, il nous faut crier vers Dieu. Nous chantons : « Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi, exauce-moi Seigneur ». Alors si nous nous tournons vers Dieu, vers le Christ qui a connu l’épreuve en particulier puis vers les Saints, la Sainte Mère de Dieu, Joachim et Anne et tous les autres Saints qui ont vécu, eux aussi des épreuves ; si nous nous tournons vers tous ceux-là nous ne serons pas seuls, nous ne serons pas une île abandonnée, nous ne serons pas sans secours dans la tourmente. Rappelez-vous les apôtres, sur leur barque, lors de la tempête. Ils sont dans l’épreuve, ils ont peur, à juste titre - nous aurions eu peur de la même manière - et le Christ est là avec eux qui se repose, apparemment il dort mais en fait Il veut qu’ils comprennent quelque chose : c’est Lui qui va arrêter la tempête, pas eux, et d’ailleurs ils ont crié vers le Christ : « Sauve-nous. Qu'est-ce que tu fais ? Tu dors ? ». Nous pouvons dire cela à Dieu mais respectueusement. Dieu ne dort pas Il veille sur nous en permanence mais nous pouvons crier vers Lui : «  Je souffre, je suis dans l’épreuve, je suis dans le fond du gouffre. Tends-moi la main, Tire-moi comme tu as tiré Adam et Eve du tombeau ». Voilà une des leçons que nous pouvons tirer de ces fêtes : nous devons forcément passer par des épreuves mais que si nous voulons les assumer seuls nous allons à l’échec, nous allons vers l’angoisse, le désespoir alors que si nous nous tournons vers le Seigneur, humblement en disant : « Je ne peux rien. Je ne sais plus où j’en suis mais viens à mon secours. Ne m’abandonne pas ». Alors le Seigneur, oui, tendra sa main miséricordieuse. Il posera sa main fraîche sur les plaies causées par nos fautes et nos épreuves. Il nous mettra debout, debout dans sa Lumière, prémices de ce qui nous attend dans l’Eternité.
Amen


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