Monastère Saint Silouane

Eucharistie, multiplication et amour

Eucharistie, multiplication et amour
Mt XIV, 14-22

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen

Au début de ce récit évangélique, il nous est dit que Jésus vit une grande foule et fut pris de compassion. Il en guérit les infirmes. Le premier mouvement du Seigneur Jésus et, à plusieurs reprises dans les textes évangéliques nous en avons le témoignage, c’est d’agir avec compassion , c'est-à-dire d’ouvrir son cœur à la souffrance de l’autre, c’est ce que signifie ce mot « compassion ». Ensuite, ce n’est pas mis dans le récit de Saint Matthieu mais on peut imaginer facilement que le Seigneur Jésus enseigne tous ceux qui sont autour de Lui, cette grande foule. Il leur donne des consignes, des conseils, Il les apaise, Il les console, Il les réconforte, Il les dynamise. Le temps passe et il nous est dit que le soir est venu. Alors que ceux qui entouraient Jésus n’avaient qu’une seule intention c’était de l’écouter et de recevoir sa Parole et qu’ils ne s’occupaient absolument pas de leur nourriture terrestre voilà que les apôtres s’approchent de Jésus pour lui signifier qu’il est l’heure de manger et qu’il faut renvoyer la foule. Et c’est alors que se passe ce grand miracle de la multiplication des pains. Il faudrait dire plutôt que multiplication, surabondance, puisqu’il en resta des quantités conséquentes. Car lorsque le Seigneur décide de nous donner ce qui est fondamental, que ce soit sa Parole ou que ce soit les nourritures terrestres, il est généreux parce qu'Il nous aime. Il donne tout ce qu’Il peut. Et il peut beaucoup, nous le voyons dans ce texte. Alors quelle est la résonnance dans nos cœurs et dans nos âmes de ce texte pour nous, pour chacun d’entre nous aujourd'hui. La Parole de Dieu nous la connaissons, en principe. Nous la lisons, quelque fois, plus ou moins souvent ; nous l’entendons, nous y sommes plus ou moins attentifs, mais la Parole de Dieu est à notre disposition en quantité abondante, surabondante même. Et puis nous avons aussi de quoi nourrir, nourrir quoi ? Notre corps, certes mais nourrir notre âme, nourrir notre cœur, nourrir notre vie car tout à l’heure lorsque nous communierons au Calice du Seigneur nous recevrons le pain essentiel, essentiel dans le sens profond du terme, le pain qui sera d’essence divine. « Ceci est mon corps », et le vin « Ceci est mon sang  ». C’est le Seigneur qui nous a dit : « Prenez, mangez, buvez ». Parce qu’en recevant le corps et le sang du Christ nous recevons la nourriture fondamentale, essentielle qui nous donne force, qui nous donne vie, qui nous met debout .Mais que faisons-nous de cette nourriture ? Est-ce un beau moment liturgique vécu dans la prière, le recueillement et puis au bout d’une heure, de deux heures on passe à autre chose ? Ou bien est-ce que la réception en surabondance de la grâce de Dieu au travers du sacrement nous entraîne à davantage et quel est ce davantage d’ailleurs ? En recevant le Corps et le Sang du Christ nous recevons l’amour de Dieu en plénitude autant que cela est possible sur cette terre. C’est le sacrement le plus grand, le plus fort. Ce que nous réalisons là en ce moment c’est ce qu’il y a de plus grand que nous puissions faire sur cette terre. Alors nous avons une responsabilité car ce que nous recevons, le Corps et le Sang du Christ, signe de l’amour infini de Dieu, nous devons le partager, nous devons le distribuer, nous devons l’offrir aux autres, à nos frères et à nos sœurs de la terre. Alors comment ? Certes pas en prenant le calice et en allant distribuer le pain et le vin dans les rues des villes et des campagnes ? Ce n’est pas cela que le Seigneur nous demande. Il nous demande quelque chose de plus fondamental encore parce que son Corps et son Sang comme je viens de vous le dire, c’est l’amour de Dieu que nous recevons et c’est cet amour-là qu’il nous faut porter aux autres, aux hommes de la terre, à ceux qui nous sont proches : notre famille, nos amis, nos voisins, nos collègues de travail, nos frères, nos sœurs et puis à ceux que nous connaissons qui souffrent, qui sont dans la maladie, dans l’infirmité, dans l’angoisse et puis à ceux que nous ne connaissons pas, à tous les hommes de la terre. Alors comment, comment témoigner de cet amour ? Comment redistribuer cet amour reçu ? D’abord et avant tout en demandant au Seigneur cette grâce : le dynamisme de la charité dans nos cœurs. Avant que tout cela soit concret, palpable il faut que cela soit dans notre cœur, à disposition de tous. Dès que nous jugeons notre frère, dès que nous le rejetons, dès que nous le critiquons, dès que nous le méprisons, nous allons dans le chemin inverse de celui qui nous est proposé par le Seigneur mais dès que nous cherchons à aimer, à aimer jusqu’au bout, jusqu’à l’impossible - je ne vous ai pas dit de réussir, je vous ai dit à chercher à aimer, à désirer aimer. Dès que nous nous mettons dans ce mouvement de désir, dans cette quête d’offrande d’amour alors oui, il y a non seulement multiplication mais surabondance d’amour comme il y a eu surabondance de pain et de poisson ce jour-là autour de Seigneur. Ce qui manque au monde, depuis le début des temps, c’est justement cette attitude d’amour, ce désir de donner à l’autre de l’amour sous une forme ou sous une autre dans la prière, dans l’aumône, dans le soutien, dans la consolation, dans le refus catégorique de juger notre frère, quel qu’il soit. C’est cela que le Seigneur veut dire à notre cœur au travers de cet Evangile que nous avons entendu, au travers de ce miracle historique important, conséquent parce que  signe, signe évident de la surabondance de l’amour de Dieu, si évident que nous devons, dans notre responsabilité de chrétien, redistribuer à tous ceux qui sont sur cette terre cette abondance d’amour.
Que le Seigneur Jésus nous donne cette énergie, qu’il nous donne ce dynamisme, qu’il nous donne cette envie, qu’il nous donne ce désir d’aimer, d’aimer jusqu’à la fin de notre vie sur cette terre pour goûter la plénitude de l’amour dans l’Eternité.
Amen

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