Père Martin: XXI ème Dimanche après la Pentecôte (6ᵉ dimanche après la Croix) Évangile selon saint Luc VIII, 5-15 — La parabole du Semeur
02/11/25 Enseignement
XXI ème Dimanche après la Pentecôte
(6ᵉ dimanche après la Croix)
Évangile selon saint Luc VIII, 5-15 — La parabole du Semeur
Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Excellence Chers frères et sœurs en Christ,
Aujourd’hui, le Seigneur nous parle en paraboles. Il nous révèle le mystère du Royaume à travers une image simple et universelle : celle du semeur qui sort pour semer sa semence. Cette parabole, que nous connaissons, n’est pas un simple récit champêtre :
(6ᵉ dimanche après la Croix)
Évangile selon saint Luc VIII, 5-15 — La parabole du Semeur
Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Excellence Chers frères et sœurs en Christ,
Aujourd’hui, le Seigneur nous parle en paraboles. Il nous révèle le mystère du Royaume à travers une image simple et universelle : celle du semeur qui sort pour semer sa semence. Cette parabole, que nous connaissons, n’est pas un simple récit champêtre :
C’est une icône vivante de notre vie spirituelle, de notre relation à la Parole de Dieu, et du combat intérieur que nous devons mener pour que cette Parole porte du fruit en nous.
Le semeur, dit l’Évangile, « sortit pour semer sa semence ». Ce semeur, c’est le Christ Lui-même.
Depuis la création du monde, Il sème :
Il sème dans le cœur d’Adam la semence de Sa ressemblance,
Il sème dans l’histoire la Loi et les Prophètes, et enfin Il sème en plénitude Sa Parole vivante, sortie de Sa bouche, semence de Vie éternelle.
Saint Jean Chrysostome remarque que le Seigneur
« Ne sème pas au hasard », mais avec une générosité divine : Il répand la semence sur tous les terrains, sans faire acception de personnes. Ainsi Dieu n’exclut personne : Son amour visite tous les cœurs, même les plus endurcis, car nul ne peut dire que la Parole ne lui a pas été donnée.
Il y a les quatre terrains : nos états intérieurs
Le chemin piétiné – c’est le cœur fermé, distrait, habitué à tout entendre sans rien écouter. L’homme de ce monde entend la Parole, mais le démon vient aussitôt l’enlever. Ce n’est pas le diable qui a d’abord durci le cœur ; c’est le cœur lui-même, rendu insensible par le passage incessant des pensées mondaines.
Le sol pierreux – c’est celui qui reçoit la Parole avec joie, mais sans profondeur. L’émotion religieuse, la ferveur passagère, remplacent la conversion véritable. La racine ne trouve pas d’eau : l’épreuve, la souffrance, le jeûne, font bientôt tout sécher. Saint Isaac le Syrien dit : « La patience dans la tribulation est la mère de la consolation. » Sans patience, il n’y a pas de racine.
Les épines – c’est le cœur partagé, étouffé par les soucis, les richesses et les plaisirs. Ce terrain est celui du chrétien « entre deux mondes », qui aime Dieu mais aussi ses passions, qui veut prier mais garde les filets du siècle. Saint Maxime le Confesseur écrit : « Celui qui veut que Dieu demeure en lui doit lui faire place. » Les épines, ce sont nos attachements : si nous ne les arrachons pas, la Parole étouffe.
La bonne terre – c’est le cœur purifié, labouré par la repentance, arrosé par les larmes, réchauffé par la prière. Cette terre, dit le Seigneur, « porte du fruit cent pour un ». Le fruit, ce ne sont pas des exploits visibles, mais la transformation intérieure : l’humilité, la paix, la charité.
Frères et sœurs, nous avons un exemple en ce jour d’un Saint que nous commémorons aujourd’hui :
Le Seigneur a donné à la Géorgie et à toute l’Orthodoxie un témoin de cette Parole féconde : Saint Gabriel de Samtavro. Il a vécu dans la pauvreté, le mépris et la folie volontaire, mais son cœur, labouré par les souffrances, est devenu un champ où la Parole de Dieu a porté un fruit cent fois plus grand.
Je vais citer l’une de ses paroles les plus lumineuses :
« L’amour est supérieur à toutes les lois. Dieu est Amour. Là où il y a l’amour, là est Dieu. »
Cette parole illustre parfaitement le fruit de la semence : la charité divine qui naît d’un cœur purifié. Ainsi, vous montrez que la bonne terre n’est pas seulement celle du passé évangélique, mais aussi celle des saints contemporains.
Le travail du cœur : devenir une bonne terre
La Parole de Dieu n’agit pas magiquement ; elle demande notre collaboration. Dans la vie spirituelle, le terrain ne se change pas en un jour. Il faut le labour de la prière, la rosée des sacrements, et parfois le feu de l’épreuve.
La Sainte Liturgie elle-même est le grand champ où Dieu sème sans cesse.
Chaque tropaire, chaque parole de l’Évangile, chaque souffle du chant est une semence. Mais combien en sortons sans fruit, parce que notre cœur est distrait, fermé ou plein d’épines !
Saint Séraphim de Sarov disait :
« Garde ton cœur dans la paix, et des milliers autour de toi seront sauvés. »
Voilà la bonne terre : celle d’un cœur pacifié où la Parole descend, germe et devient lumière pour les autres.
Le mystère de la Croix et de la semence
Aujourd’hui encore, en ce sixième dimanche après la Croix, nous voyons que la semence du Royaume, c’est la Croix elle-même. Le Christ est ce grain de blé tombé en terre (Jean 12,24) qui meurt pour porter beaucoup de fruit.
Chaque fois que nous acceptons de mourir à notre volonté, à notre orgueil, à notre confort, nous devenons, à notre mesure, un reflet de cette semence crucifiée et vivifiante.
C’est ainsi que la Croix demeure le labour de nos âmes, et la Résurrection, le fruit de la Parole.
Frères et sœurs, aujourd’hui encore, le Semeur passe. Il passe dans notre Église, dans notre prière, dans nos silences. Demandons au Seigneur de faire de notre cœur une bonne terre, labourée par la repentance, purifiée par le pardon, arrosée par les larmes de la prière, et fécondée par la grâce du Saint-Esprit.
Saint Gabriel répétait à ceux qui venaient le voir :
« Si tu veux voir Dieu, apprends à aimer ton prochain, non pas en paroles, mais en actes. »
Cette parole rejoint directement le fruit de la Parole reçue : la charité concrète. Elle résume la moisson spirituelle que le Christ attend de ceux qui écoutent Sa Parole « avec un cœur bon et parfait ».
Alors la Parole ne sera plus pour nous un écho lointain, mais une vie nouvelle qui croît, fleurit et porte du fruit — trente, soixante, ou cent pour un, pour la gloire du Royaume.
Amen !
Le semeur, dit l’Évangile, « sortit pour semer sa semence ». Ce semeur, c’est le Christ Lui-même.
Depuis la création du monde, Il sème :
Il sème dans le cœur d’Adam la semence de Sa ressemblance,
Il sème dans l’histoire la Loi et les Prophètes, et enfin Il sème en plénitude Sa Parole vivante, sortie de Sa bouche, semence de Vie éternelle.
Saint Jean Chrysostome remarque que le Seigneur
« Ne sème pas au hasard », mais avec une générosité divine : Il répand la semence sur tous les terrains, sans faire acception de personnes. Ainsi Dieu n’exclut personne : Son amour visite tous les cœurs, même les plus endurcis, car nul ne peut dire que la Parole ne lui a pas été donnée.
Il y a les quatre terrains : nos états intérieurs
Le chemin piétiné – c’est le cœur fermé, distrait, habitué à tout entendre sans rien écouter. L’homme de ce monde entend la Parole, mais le démon vient aussitôt l’enlever. Ce n’est pas le diable qui a d’abord durci le cœur ; c’est le cœur lui-même, rendu insensible par le passage incessant des pensées mondaines.
Le sol pierreux – c’est celui qui reçoit la Parole avec joie, mais sans profondeur. L’émotion religieuse, la ferveur passagère, remplacent la conversion véritable. La racine ne trouve pas d’eau : l’épreuve, la souffrance, le jeûne, font bientôt tout sécher. Saint Isaac le Syrien dit : « La patience dans la tribulation est la mère de la consolation. » Sans patience, il n’y a pas de racine.
Les épines – c’est le cœur partagé, étouffé par les soucis, les richesses et les plaisirs. Ce terrain est celui du chrétien « entre deux mondes », qui aime Dieu mais aussi ses passions, qui veut prier mais garde les filets du siècle. Saint Maxime le Confesseur écrit : « Celui qui veut que Dieu demeure en lui doit lui faire place. » Les épines, ce sont nos attachements : si nous ne les arrachons pas, la Parole étouffe.
La bonne terre – c’est le cœur purifié, labouré par la repentance, arrosé par les larmes, réchauffé par la prière. Cette terre, dit le Seigneur, « porte du fruit cent pour un ». Le fruit, ce ne sont pas des exploits visibles, mais la transformation intérieure : l’humilité, la paix, la charité.
Frères et sœurs, nous avons un exemple en ce jour d’un Saint que nous commémorons aujourd’hui :
Le Seigneur a donné à la Géorgie et à toute l’Orthodoxie un témoin de cette Parole féconde : Saint Gabriel de Samtavro. Il a vécu dans la pauvreté, le mépris et la folie volontaire, mais son cœur, labouré par les souffrances, est devenu un champ où la Parole de Dieu a porté un fruit cent fois plus grand.
Je vais citer l’une de ses paroles les plus lumineuses :
« L’amour est supérieur à toutes les lois. Dieu est Amour. Là où il y a l’amour, là est Dieu. »
Cette parole illustre parfaitement le fruit de la semence : la charité divine qui naît d’un cœur purifié. Ainsi, vous montrez que la bonne terre n’est pas seulement celle du passé évangélique, mais aussi celle des saints contemporains.
Le travail du cœur : devenir une bonne terre
La Parole de Dieu n’agit pas magiquement ; elle demande notre collaboration. Dans la vie spirituelle, le terrain ne se change pas en un jour. Il faut le labour de la prière, la rosée des sacrements, et parfois le feu de l’épreuve.
La Sainte Liturgie elle-même est le grand champ où Dieu sème sans cesse.
Chaque tropaire, chaque parole de l’Évangile, chaque souffle du chant est une semence. Mais combien en sortons sans fruit, parce que notre cœur est distrait, fermé ou plein d’épines !
Saint Séraphim de Sarov disait :
« Garde ton cœur dans la paix, et des milliers autour de toi seront sauvés. »
Voilà la bonne terre : celle d’un cœur pacifié où la Parole descend, germe et devient lumière pour les autres.
Le mystère de la Croix et de la semence
Aujourd’hui encore, en ce sixième dimanche après la Croix, nous voyons que la semence du Royaume, c’est la Croix elle-même. Le Christ est ce grain de blé tombé en terre (Jean 12,24) qui meurt pour porter beaucoup de fruit.
Chaque fois que nous acceptons de mourir à notre volonté, à notre orgueil, à notre confort, nous devenons, à notre mesure, un reflet de cette semence crucifiée et vivifiante.
C’est ainsi que la Croix demeure le labour de nos âmes, et la Résurrection, le fruit de la Parole.
Frères et sœurs, aujourd’hui encore, le Semeur passe. Il passe dans notre Église, dans notre prière, dans nos silences. Demandons au Seigneur de faire de notre cœur une bonne terre, labourée par la repentance, purifiée par le pardon, arrosée par les larmes de la prière, et fécondée par la grâce du Saint-Esprit.
Saint Gabriel répétait à ceux qui venaient le voir :
« Si tu veux voir Dieu, apprends à aimer ton prochain, non pas en paroles, mais en actes. »
Cette parole rejoint directement le fruit de la Parole reçue : la charité concrète. Elle résume la moisson spirituelle que le Christ attend de ceux qui écoutent Sa Parole « avec un cœur bon et parfait ».
Alors la Parole ne sera plus pour nous un écho lointain, mais une vie nouvelle qui croît, fleurit et porte du fruit — trente, soixante, ou cent pour un, pour la gloire du Royaume.
Amen !
