Monastère Saint Silouane

Mgr. Elisée: XXIII-ème dimanche après la Pentecôte

XXIII-ème dimanche après la Pentecôte
St Luc VIII, 26-39
16 novembre 2025

Monastère Saint Silouane.

Chers Pères, Mères, frères et sœurs :
Le passage d’Evangile de ce dimanche a d’une certaine manière un aspect purement résurrectionnel ; dans le sens où l’on peut légitimement considérer qu’une vie dominée par le mal est semblable à un tombeau et que toute délivrance est comparable à une résurrection.




Il s’agit dans ce récit de la première incursion du Christ en terre païenne, et dès l’abord Il s’y heurte au démon ; le possédé nous apparaissant en effet comme un terrible symbole de son œuvre : violence sur-humaine rejetant toute entrave, humanité dépouillée, existence déchirée réduite au cri et aux gémissements…
Il nous est dit par ailleurs que ce démoniaque s’était lui-même exclu de la ville, préférant se condamner à vivre dans le désert, lieu traditionnellement et symboliquement attribué aux démons.
L’initiative de la rencontre entre le possédé et le Seigneur vient du possédé lui-même ; d’emblée il reconnaît la supériorité du Christ en se prosternant devant Lui et le dialogue s’instaure. 
Osons dire que la prière s’instaure ; dans le sens où, en effet, tout dialogue entre l’homme et Dieu est prière.
« Quel est ton nom ? » demande le Christ (voulant ainsi saisir le nom ; c’est-à-dire avoir prise sur l’être même).
« Légion » répond le possédé. 
Comprenons par « légion » le grand nombre de démons auxquels le malade était asservi. Le mot « légion » évoque aussi l’armée, la guerre ; et à travers le possédé ce qui barre le chemin à Jésus quand Il débarque en pays païen ; c’est l’armée du prince de ce monde qui se considérait là-bas ; en cet instant précis comme en terrain conquis. Mais c’est sans compter sur la force vivifiante et salvatrice du Christ ! Pas plus que lors de Son dernier affrontement avec satan à Géthsémani Il n’a besoin d’appeler à son renfort les légions d’anges ; c’est à dire que Lui ; le Christ ; vaincra seul le démon.
Dans les lignes que nous venons d’entendre nous avons la nette impression que ce qui torture le démon c’est la simple et seule mise en présence du Christ en tant que Fils de Dieu avec qui tout mal est absolument incompatible.
La retraite de cette maudite légion démoniaque dans le troupeau de porcs –bêtes considérées comme impures- puis dans la mer, préfigure la victoire encore à venir ; libérant la terre entière de l’impureté satanique ; signifiant par là que le diable n’est rien d’autre qu’une puissance qui mène sur la pente, c'est-à-dire jusqu’à la mort.
La guérison et donc la libération obtenues ; l’ancien démoniaque se retrouve assis aux pieds de Jésus, comme un disciple ; vêtu dans son bon sens ; à l’inverse de l’instabilité, de la nudité, de l’aliénation dans lesquelles le démon l’avait réduit.
Et bien chers frères est sœurs ; n’avons-nous pas là, dans cette histoire du possédé gadarénien une petite théologie du sacrement de pénitence ?
Si ce sacrement est communément appelé « confession » c’est qu’à l’instar de ce démoniaque (et avant même l’aveu de nos fautes) ; par la simple confession de notre foi en la Personne de Jésus, Fils du Dieu Vivant ; nous recevons la guérison, la délivrance et l’apaisement intérieur.
Qui que nous soyons, en nous préparant à la confession ayons en mémoire l’évangile d’aujourd’hui : unifions notre esprit et notre vie (aussi bien personnelle que communautaire, familiale ou paroissiale…) en nous souvenant de l’Amour infini du Christ qui dans Son extrême humilité s’est abaissé à aller en terre étrangère à la rencontre des plus perdus et qui aujourd’hui n’a de cesse de frapper à la porte de notre cœur, de vouloir faire Sa demeure en nous…pour autant que nous lui ouvrions !
Pour nous y aider prenons comme support pour notre prière personnelle ces versets du psaume 3 que nous récitons au début de chaque office de Matines: 
« Seigneur ils sont nombreux ceux qui se lèvent contre moi ; nombreux ceux qui disent à mon âme : ‘Point de salut pour lui en son Dieu !’
 Mais toi Seigneur Tu me prends avec Toi, Tu es ma gloire, Celui qui me relève la tête. Au Seigneur appartient le salut et sur Son peuple est la bénédiction ! »
…et ajoutons la demande que nous soit accordée la grâce d’unifier nos cœurs « afin que dans un même esprit nous confessions le Père, le Fils et le Saint Esprit ! »
Amen !

       
 

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