Monastère Saint Silouane

Pouvoir, Humilité

18/4/2021 Mc X, 32-45

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Ce récit comporte plusieurs parties. Les fils de Zébédée, Jacques et Jean demandent au Seigneur d’être – lorsqu'Il sera dans la gloire – à sa droite et à sa gauche. Cette question peut nous paraître ambigüe parce que cela pourrait être un mouvement de vanité mais cela pourrait être aussi un mouvement d’amour pour être le plus proche possible du Seigneur. Jusque-là nous ne savons pas trop pour quelles raisons ils demandent ceci mais nous avons un éclaircissement à la fin de l’Evangile car le Seigneur qui sonde les reins et les cœurs a compris que Jacques et Jean avaient certainement mal interprété ce qui était du pouvoir, de l’autorité, de l’humilité et de l’orgueil et Il leur fait la leçon ; Il leur demande s’ils pourront boire sa coupe et être baptisés comme Il sera baptisé dans le sang et ils répondent : « Oui » et Jésus confirme : oui, vous serez dans la même situation que moi, vous boirez à la coupe et vous serez baptisés dans le sang ; mais ensuite Il leur donne un enseignement très précis qui nous indique qu’Il avait deviné dans le cœur de ses deux apôtres qu’il y avait au moins un peu de vanité – ce qui d’ailleurs avait rendu jaloux les autres apôtres, ce qui n’était pas beaucoup mieux ; et en fait Il explique que il y a dans le monde ceux qui ont un pouvoir : les grands, ceux qui ont des positions extrêmement importantes dans le monde civil, laïque comme dans le monde religieux et Il nous parle du pouvoir, non pas de l’autorité mais du pouvoir, et Il dit que ces « grands » ont du pouvoir, un pouvoir qu’ils ont acquis pour eux-mêmes car le pouvoir c’est Dieu qui l’a ; par contre ils peuvent recevoir, selon leur fonction, l’autorité qui ne doit jamais se transformer en autoritarisme – ce qui reviendrait au pouvoir - et puis Il leur explique qu’il vaut mieux être l’esclave que le maître et que c’est ceux-là qui entreront dans le Royaume des Cieux et qui seront probablement les plus proches du Seigneur. Alors cela nous amène à réfléchir à ce qui est en nous en fait depuis l’origine des temps c'est-à-dire l’orgueil qui a poussé Adam au péché que nous connaissons et nous avons par notre nature déchue toujours une trace de cet orgueil qui est en nous, une espèce de racine difficile à arracher et même si on l’arrache elle repousse encore et il faut apprendre tout au long de notre vie à arracher cet orgueil pour le transformer en amour, en humilité, en simplicité, en pardon, en silence ; tous nous avons cette tendance à vouloir, lorsqu'on nous demande quelque chose - pas tout le temps mais souvent - à expliquer que ce n’est pas le moment ou bien que ce n’est pas comme cela qu’on fait ou bien ce n’est pas à toi de le faire ou à toi de me le demander : tout cela nous connaissons tous cela par coeur et voilà on tombe dans le pouvoir : c’est moi qui décide que j’ai raison et ce n’est pas toi et cela entraîne du jugement, du mépris, de la colère, des réprimandes, des insultes, de la fâcherie et tout ce que vous savez ; qu'est-ce qu’on a gagné ? Non seulement on n’a rien gagné mais on a tout perdu : on a perdu l’amour, on a perdu l’humilité, on a perdu le respect du frère ou de la sœur, on a tout perdu ; sauf que je pense que les apôtres après avoir entendu le discours du Seigneur ont compris et que progressivement ils se sont acheminés sur un terrain d’humilité ; ils sont presque tous martyrs, ils ont donc bu la coupe du Seigneur mais ce qui est plus important c’est qu’ils ont appris l’humilité progressivement et à nous il est donné cette leçon aujourd'hui ; il faut que nous comprenions non pas en réfléchissant, même si ce n’est pas forcément inutile, mais que nous comprenions que nous devons supplier le Seigneur de nous donner la grâce de l’humilité et l’un des moyens pour obtenir la grâce de l’humilité c’est de prier les Saints et les Saintes, la Mère de Dieu ; c’est poser un acte d’humilité que de leur demander de notre part de parler au Seigneur car nous n’osons pas nous Lui parler directement comme si nous avions une certaine possibilité de pouvoir par rapport à cela ; humblement nous demandons à tel Saint ou à telle Sainte, à la Mère de Dieu de demander cette grâce de l’humilité, de la simplicité ; c’est une aventure de tous les jours pas une aventure qui se règle en trois, quatre jours ; c’est une aventure qui dure toute la vie ; la preuve en est que notre St Père Silouane, à la fin de sa vie, quelques minutes avant sa mort, lorsque le Saint Père Sophrony lui demandait : « Père vous allez mourir ? » il a répondu : « Je ne peux pas mourir, je n’ai pas assez d’humilité ». Voyez-vous même un Saint qui avait beaucoup d’humilité, beaucoup, il était très haut dans cette vertu, mais il reconnaissait sincèrement – il n’était pas dans une fausse humilité – qu’il n’avait pas encore assez d’humilité pour paraître devant le Seigneur ; mais qui aurait assez d’humilité ? Il n’y a pas d’homme qui vive et ne pèche pas – dit-on dans l’Office des défunts et qui ne pèche pas par orgueil d’ailleurs ; alors la solution c’est de demander et redemander, redemander encore au Seigneur Jésus de nous accorder l’humilité pour que nous puissions avancer sur le chemin de sainteté ; c’est la recette, on aime bien les recettes et les méthodes pour tout d’ailleurs mais là c’est la vraie méthode, c’est peut-être la seule qui est utile vraiment ; recevoir l’humilité, aller plonger dans la grande humilité du Christ comme le disait St Sophrony ; car nous n’aurons jamais l’humilité du Christ, elle est parfaite mais nous pouvons aller plonger comme dans un torrent d’eau fraiche cette humilité pour qu’elle nous donne une appétence à grandir dans cette humilité ; vous savez quand on boit au torrent ou à la source on boit 1 fois, deux fois, trois fois parce qu' on a soif ; et bien nous nous avons besoin nous aussi de boire, d’aller puiser dans l’humilité du Christ le plus souvent possible et lorsque nous n’avons pas réussi parce que l’orgueil a été dominant nous pouvons encore, encore nous approcher du Seigneur mais avec humilité en reconnaissant que nous nous sommes laissés prendre par notre orgueil, par une tentation peut-être démoniaque aussi qui n’est qu’orgueil ; et si nous le faisons avec humilité le Seigneur qui est amour, le Père, le Fils et l’Esprit-Saint se réjouiront, nous accueillerons et le Seigneur Jésus nous dira : « Venez, venez car vous êtes aimés. Nous n’aimons pas le péché mais nous aimons le pécheur s’il fait miséricorde ».

Amen


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