Monastère Saint Silouane

XXIVème dimanche après la Pentecôte XXIVème dimanche après la Pentecôte

XXIVème dimanche après la Pentecôte
St Luc VIII, 41-56
Monastère Saint Silouane
23 novembre 2025.

Chers frères et sœurs !
Un père qui voit sa fille mourir, une femme qui a exploré sans succès toutes les ressources de la médecine de son temps, et qui arrivent tous deux à ce constat qu’ils sont totalement impuissants devant ce qui leur arrive, et qu’ils ne peuvent plus rien par eux-mêmes et par les autres !
Ils pourraient alors, comme cela se fait de plus en plus de nos jours, chercher un secours du côté de bien des charlatans à l’affut des détresses et qui proposent tout et rien, moyennant finances.


Non, ils n’en veulent pas, ou ils n’en veulent plus.
Alors ils décident de faire le grand saut : se tourner vers ce Jésus qu’ils ne connaissent pas mais dont l’un et l’autre ont beaucoup entendu parler, notamment en raison des miracles qu’il accomplit. Mais la démarche n’est pas évidente !
Il faut tout d’abord oser la démarche de se tourner vers le Christ. Oser franchir le pas, oser reconnaître qu’on ne peut plus rien, oser faire confiance à quelqu’un dont on a juste entendu parler. 
Mais il y a une seconde étape à franchir : il faut vaincre la foule qui se presse et qui empêche la femme d’accéder facilement au Sauveur. Seule la foi permet de vaincre ces obstacles, ces barrières sur le chemin qui mène au Christ. Oser s’opposer au mouvement d’incrédulité ou de sécularisation du monde duquel Dieu n’a de cesse d’être chassé. Oser ; comme le font ces martyrs des temps modernes ; en s’opposant aux régimes politiques. Oser, comme Job assailli par le mal, répondre à ceux qui nous pressent de tout laisser tomber. Oser comme Zachée braver le ridicule, quitte à monter sur un arbre pour mieux voir Jésus. Oser laisser la foi nous donner cette impétuosité.
Mais nous ne sommes pas encore arrivés au but !
Cette foi qui nous pousse à faire une telle démarche, doit aboutir à créer un contact avec le Christ.
L’hémorroïsse veut toucher la frange du vêtement du Sauveur ; le chef de la synagogue se jette à ses pieds, il les lui touche de ses mains selon la coutume. Or généralement c’est le Christ qui, en touchant le corps malade, accomplit un miracle de guérison. Ici c’est l’homme ou la femme qui touchent le corps de Jésus, pour retrouver la vie. Et ce n’est pas n’importe quel toucher ! St Jean Chrysostome a cette très belle réflexion « Mais nous, malheureux que nous sommes, chaque fois nous touchons et nous prenons le corps du Seigneur, et pourtant nos blessures ne guérissent pas. Si nous sommes faibles, ce n’est pas le Christ qui nous manque, c’est la foi ». 
Si le désir sincère de guérir, si la foi ne sont pas authentiquement présents dans le cœur, le sacrement ne peut opérer. Or quel est le sacrement par excellence qui nous permet de toucher le corps du Seigneur, si ce n’est l’Eucharistie que nous célébrons ?
Enfin le contact avec le Christ n’est jamais une histoire sans parole : la foi a besoin d’être dite, d’être formulée de part et d’autre. Lors de tous ces miracles, le Seigneur ne reste pas muet : il veut établir un dialogue avec celui ou celle qu’il a guéri, comme cela a été le cas la semaine dernière avec le démoniaque gérasénien. La femme malade espérait échapper à ce dialogue : elle ne peut s’esquiver. Et pourquoi ? Parce que le Christ veut souligner l’importance de la foi, il veut authentifier la démarche de foi qui a été faite. Le Christ est celui qui veut établir un dialogue avec chacun d’entre nous, afin de rendre vivante la foi qui nous unit à lui.
 
A un autre niveau ; toucher le Christ c’est aussi à la suite de l’hémorroïsse toucher ce qui revêt le Christ, c’est-à-dire la beauté, la vérité, l’amour ou la lumière pour ne citer que quelques exemples.
Par ailleurs il faut bien dire aussi que parfois notre état spirituel est tel qu’il nous devient quasi impossible d’avancer sur le chemin de la foi tant nous sommes intérieurement prostrés et paralysés… Qu’à cela ne tienne ; il nous faut alors « tenir notre esprit en enfer sans désespérer » ; sans désespérer car le Christ viendra nous dispenser Sa grâce en nous prenant par la main, dussions-nous (comme la fille de Jaïre) être présentés à Lui par notre famille, nos amis ou notre communauté ecclésiale. Alors comme l’hémorroïsse nous entendrons nous aussi « Ta foi t’a sauvé(e), va en paix.
 
Le chef de la synagogue, Jaïre, lui, n’en est pas encore là dans son cheminement de foi. Il a besoin d’être exhorté par le Christ au combat contre le doute et la persévérance dans la confiance : « Ne crains pas, crois seulement ». Le miracle du Seigneur accompli en faveur de la jeune fille est empreint de la même simplicité qui entoure la démarche de l’hémorroïsse : le Christ saisit la main de la jeune fille et lui dit « Je te le dis, lève-toi ». Les paroles et le geste rappellent ceux de parents venant réveiller leur enfant pour un jour nouveau.
Si nous relisons maintenant l’ensemble des deux récits imbriqués, nous découvrons que l’attitude de l’hémorroïsse est proposée à Jaïre comme modèle de l’attitude de foi ; une foi qui est instantanément exaucée, tout simplement parce qu’elle établit une communion avec la personne du Christ.
 
En conclusion ; chers frères et sœurs ; n’ayons pas peur ! Si tout semble nous abandonner n’oublions jamais que le Christ est proche. Sois nous aurons la force de le toucher, soit c’est Lui qui viendra à nous. Dans les deux cas de figure la rencontre avec Lui se fera ! N’oublions jamais que si nous sommes en Eglise, c’est que les sacrements nous y rattachent ; ces mêmes sacrements qui ne sont pas à négliger puisque par eux et en eux il nous est possible non seulement d’approcher le Christ, de Le toucher, mais surtout de nous laisser toucher par Lui ! A nous d’en user sans modération afin que la paix intérieure, la vie et l’amour nous soit rendus !              
 
Amen !


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