Mgr; Elisée: XVIIIème dimanche après la Pentecôte
12/10/25 Enseignement
XVIIIème dimanche après la Pentecôte
St Luc V, 1-11
12 octobre 2025
Monastère Saint Silouane
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ! ».
Ne nous y trompons pas. L’image d’un Pierre qui renâcle et qui râle est dans tous nos esprits, mais ce miracle d’une pêche miraculeuse ne lui est pas donné comme preuve de la puissance du Christ. Il n’en a pas besoin. Pierre jette les filets parce que le Christ en personne le lui demande et cela lui suffit. Le miracle rapporté aujourd’hui ne cherche pas à concentrer notre attention sur les prouesses du Christ, mais plutôt sur la naissance de la vocation de saint Pierre, il nous dit comment ce simple pêcheur du lac de Galilée est devenu un pêcheur d’hommes.
St Luc V, 1-11
12 octobre 2025
Monastère Saint Silouane
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ! ».
Ne nous y trompons pas. L’image d’un Pierre qui renâcle et qui râle est dans tous nos esprits, mais ce miracle d’une pêche miraculeuse ne lui est pas donné comme preuve de la puissance du Christ. Il n’en a pas besoin. Pierre jette les filets parce que le Christ en personne le lui demande et cela lui suffit. Le miracle rapporté aujourd’hui ne cherche pas à concentrer notre attention sur les prouesses du Christ, mais plutôt sur la naissance de la vocation de saint Pierre, il nous dit comment ce simple pêcheur du lac de Galilée est devenu un pêcheur d’hommes.
Quand Pierre rentre bredouille au petit matin, il sait qu’il n’y a pas d’espoir. Il est pêcheur de métier et connaît donc son affaire. S’il jette une fois encore les filets après que le maître eût fini son enseignement, ce n’est pas par un fol espoir de glaner quelques poissons. Il l’explique d’ailleurs au Christ : « sur ton ordre, je vais jeter les filets ». Le Maître a parlé, le disciple obéit. L'obéissance est donc au cœur de l’évangile de ce jour. Cette vertu n’a pas bonne presse. Elle vaut pourtant qu’on la considère, parce qu’après une pêche qui a échoué par manque de poisson, nous frôlons l’échec inverse : on manque de déchirer les filets par excès de poisson. Comment se peut-il qu’une telle abondance suive une telle pénurie ?
Par l’obéissance.
C'est-à-dire d’abord par l’écoute.
Car obéir c’est écouter.
Quand Pierre obéit au Christ, il se décide sur une parole qu’il a entendue et à laquelle il prête foi. Il y prête foi parce que son maître la prononce. Le secret de la sagesse est aussi simple que cela. Aussi simple que réagir à une parole, sans être naïf ni incrédule, mais en étant sage. Le naïf croit mal à propos, l’incrédule détourne son impuissance à croire en décidant de croire au mal.
Le sage, lui, reconnaît la voix de son maître et la met en pratique. Il n’y a rien d’humiliant ni de dégradant dans cet acte de liberté puisque, en nous faisant accomplir sa volonté, il nous rapproche de Dieu. En outre, parmi les nombreuses vertus que nous avons à pratiquer, l’obéissance est la plus accessible. En effet, qui veut être loyal, chaste, travailleur, patient ou fort doit d’abord se faire une idée de ce qu’est un homme loyal, travailleur ou patient. Il doit ensuite évaluer comment exercer ces vertus dans le cadre original de son quotidien. Il doit se demander comment, ici et dans ces conditions, comment être bon, évangélique ou prudent ? L’obéissance est beaucoup plus simple. Il n’y a pas à se demander où elle mène car elle consiste toujours à avancer, dans la foi, vers l’inconnu.
Quand Pierre choisit d’obéir à Jésus, il ne sait qu’une chose : son maître lui a demandé de jeter les filets, contre toute évidence. Cela lui suffit et cela n’a rien d’abstrait. Pierre montre qu’obéir est accepter la volonté d’un autre, un autre en particulier, quelqu’un de bien concret, avec qui on est en relation personnelle. On obéit à quelqu'un qui nous parle. On renonce à sa volonté propre ; « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Cela ne veut pas dire que l’on suive n’importe qui ni que l’on accepte de faire n’importe quoi. Cela veut dire qu’on renonce à suivre un but strictement personnel : Pierre insiste pour dire qu’il n’a aucun espoir de prendre du poisson. Ce qui donne sens à son acte est la qualité de sa relation avec le Christ. Il n’y a aucune duplicité en lui, il a simplement choisi la volonté de son maître au détriment de la sienne. C’est ainsi que Pierre a rencontré Dieu. La présence de Jacques et de Jean l’atteste lorsque Pierre se prosterne. Ils sont toujours mentionnés tous les trois quand Dieu se dévoile. Dans et par la personne du Christ, Dieu se dévoile donc à Pierre qui a obéit et lui révèle le sens de sa vie. La surabondance de poissons étant un signe de la surabondance de la grâce faite à ceux qui choisissent de s’en remettre à la volonté de Dieu. Il n’y a plus de limites à l’action du Seigneur dans la vie de celui qui lui obéit. Mais attention ! L’obéissance n’est pas réservée qu’à ceux qui ont embrassé l’état monastique ! L’obéissance est une des vertus chrétiennes par excellence comme nous le rappelle le « Notre Père » à chaque fois que nous le prions : « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Et dès lors qu’il est question de la terre et du ciel, c’est toute l’Eglise qui est impliquée. Oui, l’obéissance est ecclésiale et force est de constater que bien des maux en Eglise sont dûs à un manque d’obéissance...
Mais bien évidemment je suis d’accord avec vous, (et j’en sais quelque chose !) l’obéissance n’est pas facile tous les jours, mais qu’il nous suffise à la manière des petits enfants qui s’en remettent entièrement à leurs parents d’écouter et d’appliquer ; …tout simplement.
L'obéissance chrétienne et donc monastique n'est pas une question de savoir quand mettre de l'huile dans les repas suivant tel ou tel jour de jeûne; bien que cela soit important mais risque de nous conforter dans ce genre de petit confort personnel (pourvu qu'on ne nous dérange pas, évidemment !...) ce petit confort qui nous plait tant et que nous tenons tant à sauvegarder; tant nous y sommes bien installés ! ...
Non, l'obéissance et toute autre, dans le sens où elle nous permet d'être libres; puisqu'en obéissant; nous ne nous appartenons plus et par conséquent, c'est ce qui nous rend libres; et libres incomparablement ! Oui; au risque de nous répéter: en obéissant, nous ne nous appartenons plus de facto et donc nous voilà incomparablement libres
Et justement pour nous y exercer; qu’il me soit permis de citer en guise de conclusion un extrait de la dernière lettre pastorale de feu l'Archevêque Gabriel de bienheureuse mémoire : « Voici donc venu le moment de me séparer de vous. Comment vous exprimer tout ce que j’ai sur le cœur ? […] Ma dernière parole sera pour vous demander de garder votre amour et votre unité. C’est là le trésor le plus précieux de notre Eglise. Daigne le Seigneur « vous donner un esprit de sagesse » et « illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre Son appel » (Eph 1, 17-18). Et cela; si ce n'est pas l'obéissance; qu'est-ce alors ?...
Amen !
C'est-à-dire d’abord par l’écoute.
Car obéir c’est écouter.
Quand Pierre obéit au Christ, il se décide sur une parole qu’il a entendue et à laquelle il prête foi. Il y prête foi parce que son maître la prononce. Le secret de la sagesse est aussi simple que cela. Aussi simple que réagir à une parole, sans être naïf ni incrédule, mais en étant sage. Le naïf croit mal à propos, l’incrédule détourne son impuissance à croire en décidant de croire au mal.
Le sage, lui, reconnaît la voix de son maître et la met en pratique. Il n’y a rien d’humiliant ni de dégradant dans cet acte de liberté puisque, en nous faisant accomplir sa volonté, il nous rapproche de Dieu. En outre, parmi les nombreuses vertus que nous avons à pratiquer, l’obéissance est la plus accessible. En effet, qui veut être loyal, chaste, travailleur, patient ou fort doit d’abord se faire une idée de ce qu’est un homme loyal, travailleur ou patient. Il doit ensuite évaluer comment exercer ces vertus dans le cadre original de son quotidien. Il doit se demander comment, ici et dans ces conditions, comment être bon, évangélique ou prudent ? L’obéissance est beaucoup plus simple. Il n’y a pas à se demander où elle mène car elle consiste toujours à avancer, dans la foi, vers l’inconnu.
Quand Pierre choisit d’obéir à Jésus, il ne sait qu’une chose : son maître lui a demandé de jeter les filets, contre toute évidence. Cela lui suffit et cela n’a rien d’abstrait. Pierre montre qu’obéir est accepter la volonté d’un autre, un autre en particulier, quelqu’un de bien concret, avec qui on est en relation personnelle. On obéit à quelqu'un qui nous parle. On renonce à sa volonté propre ; « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Cela ne veut pas dire que l’on suive n’importe qui ni que l’on accepte de faire n’importe quoi. Cela veut dire qu’on renonce à suivre un but strictement personnel : Pierre insiste pour dire qu’il n’a aucun espoir de prendre du poisson. Ce qui donne sens à son acte est la qualité de sa relation avec le Christ. Il n’y a aucune duplicité en lui, il a simplement choisi la volonté de son maître au détriment de la sienne. C’est ainsi que Pierre a rencontré Dieu. La présence de Jacques et de Jean l’atteste lorsque Pierre se prosterne. Ils sont toujours mentionnés tous les trois quand Dieu se dévoile. Dans et par la personne du Christ, Dieu se dévoile donc à Pierre qui a obéit et lui révèle le sens de sa vie. La surabondance de poissons étant un signe de la surabondance de la grâce faite à ceux qui choisissent de s’en remettre à la volonté de Dieu. Il n’y a plus de limites à l’action du Seigneur dans la vie de celui qui lui obéit. Mais attention ! L’obéissance n’est pas réservée qu’à ceux qui ont embrassé l’état monastique ! L’obéissance est une des vertus chrétiennes par excellence comme nous le rappelle le « Notre Père » à chaque fois que nous le prions : « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Et dès lors qu’il est question de la terre et du ciel, c’est toute l’Eglise qui est impliquée. Oui, l’obéissance est ecclésiale et force est de constater que bien des maux en Eglise sont dûs à un manque d’obéissance...
Mais bien évidemment je suis d’accord avec vous, (et j’en sais quelque chose !) l’obéissance n’est pas facile tous les jours, mais qu’il nous suffise à la manière des petits enfants qui s’en remettent entièrement à leurs parents d’écouter et d’appliquer ; …tout simplement.
L'obéissance chrétienne et donc monastique n'est pas une question de savoir quand mettre de l'huile dans les repas suivant tel ou tel jour de jeûne; bien que cela soit important mais risque de nous conforter dans ce genre de petit confort personnel (pourvu qu'on ne nous dérange pas, évidemment !...) ce petit confort qui nous plait tant et que nous tenons tant à sauvegarder; tant nous y sommes bien installés ! ...
Non, l'obéissance et toute autre, dans le sens où elle nous permet d'être libres; puisqu'en obéissant; nous ne nous appartenons plus et par conséquent, c'est ce qui nous rend libres; et libres incomparablement ! Oui; au risque de nous répéter: en obéissant, nous ne nous appartenons plus de facto et donc nous voilà incomparablement libres
Et justement pour nous y exercer; qu’il me soit permis de citer en guise de conclusion un extrait de la dernière lettre pastorale de feu l'Archevêque Gabriel de bienheureuse mémoire : « Voici donc venu le moment de me séparer de vous. Comment vous exprimer tout ce que j’ai sur le cœur ? […] Ma dernière parole sera pour vous demander de garder votre amour et votre unité. C’est là le trésor le plus précieux de notre Eglise. Daigne le Seigneur « vous donner un esprit de sagesse » et « illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre Son appel » (Eph 1, 17-18). Et cela; si ce n'est pas l'obéissance; qu'est-ce alors ?...
Amen !
