Monastère Saint Silouane

La compassion et responsabilité

La compassion et responsabilité
7/8/2016  Mt IX, 27-35


Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Dans le récit que nous venons d’entendre, nous sommes les témoins, une fois encore, de la compassion du Seigneur Jésus face aux hommes. Cette compassion, c’est une émanation de l’amour de la Sainte Trinité. Cette compassion elle apparaît sur la terre au moment où Jésus s’incarne, au moment où Il accepte de prendre notre nature et, comme nous l’avons vu hier, en tant que Dieu, Il assume aussi cette nature humaine et Il l’a manifestée au travers de la Transfiguration qui s’est déroulée devant ses disciples. Jésus, en tant qu’homme, a été transfiguré et montré à ses apôtres en tant que Dieu. C’est la compassion de Dieu qui s’applique encore aujourd'hui sur ces personnes aveugles et muettes. C’est la compassion qui se porte vers nous à chaque fois que nous en avons besoin. Il nous suffit, comme les aveugles, de suivre le Christ en criant. Il faut le suivre, il ne suffit pas de crier. Il faut le suivre, c'est-à-dire, il faut entendre sa Parole au cœur de notre cœur, recevoir cette Parole, en vivre et, lorsqu'à  certains moments, nous sommes dans l’épreuve, dans la difficulté, dans la douleur, dans la souffrance, alors, comme ces aveugles, nous pouvons crier vers Lui pour qu’Il nous guérisse l’âme ou le corps. Nous avons tous expérimenté à un moment ou à un autre, dans notre vie, la compassion du Seigneur, ne serait-ce que lorsque nous déposons nos fautes à ses pieds et qu’Il nous dit alors combien Il nous aime et que cet amour est toujours à notre disposition. Et puis, dans d’autres occasions de souffrance, le Seigneur nous a montré sa compassion, Il nous a consolés, confortés, renouvelés. Ceci doit entraîner, pour chacun d’entre nous, une responsabilité, une responsabilité d’abord dans l’action de grâce, savoir dire merci pour ce que nous avons reçu. Nous savons demander mais dire merci, un peu moins. Et puis cela nous rend responsables par rapport à notre frère ou notre sœur. Saint Paul nous en a parlé dans l’Epître. Nous devons accueillir notre frère ou notre sœur comme ils sont, comme ils sont aimés par le Seigneur, tels qu’ils sont. Ils reçoivent la compassion de Dieu comme nous. Nous devons être conscients que s’ils reçoivent la compassion de Dieu, l’amour de Dieu, que nous les recevons aussi, nous devons, nous aussi être compatissants ;  compatissants face à leurs maladies, face à leurs épreuves, face à leurs souffrances, face aussi à leur pauvreté, à leurs chutes, à leurs misères, comme le Seigneur est compatissant envers nous, face à nos misères, à nos pauvreté, à nos péchés. Nous devons avoir cette conscience de manière vive. Si nous sommes aimés alors que nous sommes pécheurs – et combien nous le sommes - alors nous devons aimer notre frère, notre sœur, même lorsqu'il tombe ou elle tombe dans la faute, dans la péché – fusse-t-il le plus grave. Comme le dit Saint Isaac le Syrien : « Recouvre alors ton frère du manteau de la miséricorde », miséricorde et compassion sont très liées dans la vie spirituelle. Oui, il faut que nous nous sentions responsables de ce que nous recevons. Si Jésus a été compatissant tout au long de sa vie, c’est pour nous faire comprendre que cela est vital. Compatir, souffrir avec,  souffrir avec celui qui souffre, souffrir aussi avec celui qui souffre de sa propre faute, de son péché, de sa chute mais il ne faut pas nous arrêter là. Souffrir avec notre frère est une chose, encore faut-il déposer cette souffrance que nous ressentons dans notre être, légitimement, si nous sommes sincères, encore faut-il que nous déposions aux pieds du Christ cette souffrance pour qu’Il l’accueille car c’est Lui le grand Compatissant. C’est Lui qui, au travers de la compassion que nous vivons, va accorder encore plus de compassion à notre frère car si nous sommes capables de pardonner à notre frère ou à notre sœur qui nous agace, qui nous irrite, alors combien plus sera compatissant le Seigneur. C’est cela que nous devons chercher à vivre. C’est pour cela que le Seigneur est venu sur la terre, pour nous montrer cet amour compatissant du Père, pour nous faire comprendre par l’expérience que nous étions aimés mais Il est venu aussi nous rendre responsables, responsables de l’amour. Voilà ce que nous recevons comme responsabilité dès le baptême : « Tu deviens responsable de l’amour que je t’ai donné. Tu deviens responsable de la compassion que je t’offre. Tu deviens responsable de mes bras qui s’ouvrent vers toi et qui t’accueille à chaque instant lorsque tu chutes, lorsque tu tombes. Tu deviens responsable ». Etre chrétien n’est pas un titre de gloire, c’est une responsabilité. Alors demandons au Seigneur Jésus de nous faire comprendre beaucoup plus que par l’intellect mais par l’expérience, combien Il est compatissant envers nous, combien Il est compatissant envers nos frères et nos sœurs et combien, en écho, nous devons, nous aussi, être compatissants. Oui, soyons des cœurs compatissants et aimants. 
Amen

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