Monastère Saint Silouane

Foi indignité

Foi indignité

2/7/2017 Mt VIII, 5-13


Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Cette histoire de la guérison du serviteur du centurion est sans aucun doute pleine de leçons pour chacun d’entre nous. Ce centurion qui était un romain, un occupant et qui n’était pas juif, ayant appris que le Seigneur Jésus était un thaumaturge et que sa Parole était forte, s’est adressé à Lui avec foi. C’est le premier mot qu’il nous faut retenir : la foi. La seconde chose peut-être qui est importante de méditer c’est que le centurion dit à Jésus alors que Celui-ci voulait aller guérir le serviteur dans sa maison : « Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ». Il y a d’un côté la foi du centurion qui est grande puisqu’il dira aussi « mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri ». Il y a la foi et il y a la conscience de l’indignité, les deux. En tant que chrétiens, nous avons reçu la grâce de la foi. Sommes-nous dans une routine de croyance ou croyons-nous vraiment que le Seigneur peut tout, y compris de guérir nos indignités ? Car, qui que nous soyons, nous sommes tous indignes. Nous sommes indignes par nos faiblesses, nous sommes indignes par nos fautes, nos méchancetés, nos duretés, nous sommes indignes par les blessures que nous causons autour de nous, volontairement et quelque fois involontairement. Nous sommes indignes parce que nous ne savons pas prier, nous sommes indignes parce que nous nous contentons d’avoir l’étiquette de « chrétien » ou de « moine » et que cela reste une étiquette mais que par derrière nous ne sommes pas si brillants que cela. Il est nécessaire que chacun d’entre nous prenne une conscience vive de notre indignité, non pas pour en rester là parce que Dieu dépasse toute notre indignité par son amour mais pour la connaître et pour se déposer aux pieds du Christ en disant : « Oui, je suis indigne », comme a dit le centurion. Cela n’a pas empêché le miracle qu’a accompli le Christ mais peut-être cela l’a encore plus suscité, car en disant cela le centurion agissait avec humilité. Il était certain de son indignité. Alors nous, nous sentons-nous dignes ou indignes ? Est-ce que notre orgueil est tel que nous pensons être les meilleurs pour pouvoir dominer l’autre, l’écraser, le blesser, lui faire la leçon ? C’était ce que le Seigneur n’aimait pas chez les pharisiens qu’ils traitaient d’hypocrites. Si les pharisiens avaient dit au Seigneur : « Nous sommes indignes, aie pitié de nous  » tout se serait arranger mais ils avaient la certitude d’avoir raison, cette fameuse raison qui écrase le monde, qui empêche les hommes de respirer dans l’humilité. Foi et indignité. Si nous en restions à notre indignité, personne ne pourrait s’approcher du calice, ni moi, ni vous, absolument personne sur cette terre mais c’est parce que nous avons la foi en la miséricorde du Christ que cela devient possible, à condition que nous ayons conscience et que nous expérimentions les deux choses, d’une part la conscience de notre indignité et, d’autre part, une foi vive, concrète, précise, expérimentale, non pas une foi qui jaillit du bout des lèvres mais une véritable foi qui nous conduit à nous prosterner devant le Christ, seule position honnête et vraie pour lui montrer que nous croyons en sa miséricorde. Le monde entier en cette période souffre de guerres, souffre du mépris de l’autre, de l’écrasement de l’autre, de celui qui est différent. Alors oui, nous sommes effrayés, à juste titre, lorsque nous apprenons un attentat qui tue de nombreuses personnes, une guerre qui détruit des villes entières ; oui, nous avons raison d’être effrayés et scandalisés mais, mais nous ne comprenons pas que cela commence dans notre cœur. C’est là que tout commence. Si nous ne savons pas reconnaître notre indignité, si nous ne croyons pas en la miséricorde du Christ, alors nous sommes responsables de ce qui se passe dans le monde. Tout commence en nous, dans notre cœur. Notre tendance est de toujours de reporter sur l’autre la responsabilité de la faute en commençant toujours par là : oui, mais … elle a fait ceci, elle a dit cela, il a fait ceci, il a dit cela mais toi qu'est-ce que tu as fait ? Tu as cherché à vivre humblement ? Tu as cherché à t’humilier devant le Seigneur Jésus et ton frère et ta soeur ? Tu as cherché à te réconcilier sincèrement ? ou bien tu es sûr de toi, ce qui est la pire des choses sur cette terre car ceux qui tuent sont ceux qui sont sûrs d’eux. Alors au travers de cette guérison que le Christ accomplit sur le serviteur du centurion, comprenons bien qu’il nous suffit de nous humilier mais vraiment, pas artificiellement, (cela ne sert à rien, Dieu se fiche de cela), mais vraiment, en baissant la tête devant notre frère, notre sœur et devant Dieu et en disant comme le centurion : « Je ne suis pas digne … Je ne suis pas digne mais cependant, je crois, je crois en ta miséricorde infinie e,t en me prosternant devant Toi, je demande à la recevoir en plénitude ».

Amen


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