Monastère Saint Silouane

Le Christ, pierre d'angle rejetée.

26/8/2018 Mt XXI, 33-42

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Cette parabole que le Seigneur adresse à ses apôtres résume tout ce qui s’est passé et tout ce qui va se passer dans la vie des hommes par rapport au mystère du salut. En effet, dès le début le Seigneur a voulu sauver les hommes et il a pensé qu’après la chute d’Adam et d’Eve Il enverrait son Fils pour sauver l’humanité. Et cette parabole est un résumé pour faire comprendre aux apôtres ce qui s’est passé, c'est-à-dire qu’avant Lui, avant sa naissance, avant le Christ, il y a eu beaucoup d’évènements qui sont relatés dans l’Ancien Testament et qui montrent que le Seigneur envoie aux hommes de la terre des personnes pour éveiller leur cœur à ce salut possible. Ce sont entre autres tous les prophètes et l’on sait que tous les prophètes, y compris le dernier, Saint Jean le baptiste, moururent de manière cruelle. Et puis le Seigneur Jésus est apparu, c’est le Fils de la parabole et là les vignerons le tuent. C’est aussi l’image de ce qui arrive au Christ qui sera crucifié sur la croix. Et le Seigneur après avoir fait comprendre à ses apôtres quelque chose d’important au travers de cette parabole donne une conclusion encore plus importante car Il nous dit : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle », c'est-à-dire la pierre indispensable à l’édifice : sans cette pierre tout s’écroule. Et cette pierre qui avait été rejetée, mise de côté, méprisée, c’est Lui, c’est Lui dont Il parle mais Il veut consoler les apôtres, leur donner une espérance car certes Il va être méprisé, rejeté, critiqué, mis de côté puis maltraité et en définitive crucifié. C’est Lui la pierre rejetée des bâtisseurs mais nous savons très bien qu’après la crucifixion, il y a la Résurrection et qu’alors la pierre rejetée devient pierre d’angle : le Christ devient Celui qui sauve l’humanité entière. C’est donc une parabole qui pourrait paraître triste mais qui en fait est pleine d’espérance, cette espérance qui se nourrit à la fois de l’amour de Dieu et de la foi en Dieu. Nous venons d’entendre tout à l’heure dans les chants, les « Béatitudes » qui se terminent par : « Heureux serez-vous si l’on vous méprise, si l’on vous persécute car le Royaume des Cieux est à vous ». Voilà, voilà la même chose, la même réalité que cette parabole : « Heureux êtes-vous si l’on vous méprise, si l’on vous critique, si l’on vous rejette et si l’on vous persécute car le Royaume des Cieux est à vous ». Aujourd'hui il est difficile d’être chrétien dans le monde même mais il était difficile d’être chrétien aussi à certaines périodes qui nous ont précédés mais l’important ce n’est pas que ce soit difficile d’être chrétien, c’est de comprendre que même si l’on nous méprise, même si l’on nous rejette, si l’on nous met de côté, si l’on a un petit sourire narquois vis-à-vis de nous et, à plus forte raison, si l’on nous persécute or aujourd'hui les chrétiens sont persécutés, mis à mort, c’est une réalité que certes nous ne vivons pas tous les jours encore que l’un d’entre nous a été massacré il y a peu de temps du fait qu’il était chrétien et prêtre, à coups de hache. Mais tous ceux qui vivent en Syrie et dans toutes ces régions sont persécutés parce qu'ils sont chrétiens. Alors il faut bien comprendre que sans aucun doute il faut prier pour ceux qui sont persécutés – comme nous le faisons, il faut le faire absolument, il faut avoir de la compassion, ressentir en nous cette souffrance qu’ils vivent et puis l’offrir à Dieu. Alors nous qui n’avons pas, pour le moment, l’occasion d’être persécutés à ce point, nous devons faire attention à notre quotidien, à ne pas avoir des paroles envers nos propres frères, nos propres sœurs - voire ceux qui ne sont pas chrétiens - à ne pas avoir des paroles ou des pensées contre eux, des pensées de mépris, des pensées de rejet qui quelque fois même se terminent d’une manière très cachée en persécution ; il faut que nous soyons vigilants dans notre vie, à nos paroles, à nos regards, à nos pensées afin de ne pas entrer dans cette catégorie que décrit la parabole de ces ouvriers de la vigne qui maltraitent ceux qui viennent pour y travailler et qui tuent le Fils. Cela doit réveiller notre conscience, notre cœur pour éviter tout mépris, tout rejet, toute critique. C’est tellement facile de dire un mot et, en définitive, écraser l’autre mais au contraire il nous faut avoir des mots qui sont des mots qui relèvent de l’amour, de la charité, de l’attention ; des mots qui pardonnent aussi : ce sont des mots d’amour, le pardon. Et puis, si, par malheur on est dans la catégorie de ceux qui subissent l’oppression, qui subissent le martyre, d’une manière ou d’une autre, alors il faut essayer, avec la grâce de Dieu, de savoir, de comprendre que tout cela nous permet d’accéder au Royaume des Cieux. Beaucoup de saints, pas tous, mais beaucoup de saints ont été méprisés : la majorité des apôtres ont été persécutés – cela est décrit dans « Les Actes des apôtres » - et puis leurs successeurs et puis tous ceux qui cherchaient Dieu. Cela continue, vous savez, mais cela n’est pas grave, cela n’est pas grave puisque le Seigneur nous dit « Heureux êtes-vous si on vous persécute à cause de Moi » ; cela n’est pas grave du tout. Alors nous entrons sur le chemin du Royaume des Cieux si nous acceptons, si nous n’entrons pas dans la bagarre (comme on dit) mais si, humblement, nous nous effaçons. C’est là peut-être la leçon que le Christ veut donner à ses apôtres : « N’ayez pas peur. Je deviendrai la pierre d’angle mais peut-être aurez-vous aussi à subir la même chose » – c’est ce qui est dit dans les Béatitudes, qu’Il a prononcées elles aussi. Oui, n’ayons pas peur puisque le Christ est là. C’est Lui qui nous console. C’est Lui qui nous porte. C’est Lui qui nous met debout et c’est Lui qui nous dira à la fin des temps : « Entre dans le Royaume des Cieux »
Amen


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