Monastère Saint Silouane

Abandon chercher le Royaume des Cieux

10/7/2022    MT VIII, 5-13
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Ce que le Seigneur Jésus veut essayer de nous faire comprendre aujourd'hui dans cet Evangile se résume peut-être à une seule phrase simple à retenir : abandonnez-vous en Moi. En effet, le Seigneur nous fait le descriptif de toutes nos inquiétudes - et on se retrouve bien les uns, les autres dans ces inquiétudes-là ;

nous avons tous un certain moment des peurs, des angoisses, des soucis, des inquiétudes : que fera-t-on ? Et le Seigneur nous répond : « Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et le reste vous sera donné par surcroit » ; voilà la règle ; cherchez d’abord le Royaume des Cieux, qu'est-ce que cela veut dire ? Cela se résume : « ayez confiance en Moi, c’est Moi qui vous ai créés, c’est Moi qui vous ai donné la vie, c’est Moi qui vous ai envoyé Jésus, Mon Fils, pour vous sauver, c’est Moi qui vous ai envoyé l’Esprit-Saint pour vous dynamiser dans votre vie spirituelle, n’ayez donc pas peur ; bien sûr, il y a  des moments – et nous y passons tous – où nous avons peur, où nous sommes inquiets, où nous sommes angoissés ; notre premier réflexe est d’essayer, par nous-mêmes de trouver la solution, quelque fois d’ailleurs en allant chercher des addictions inutiles, alors qu’il faudrait que notre coeur se réveille et que nous disions au Seigneur : « Viens  mon secours, hâte-toi de me secourir » - c’est le début d’un psaume ; et le Seigneur viendra ; oh peut-être pas de la manière dont nous le souhaitons immédiatement, peut-être pas aussi rapidement que nous le voudrions mais il viendra à un moment où à un autre ; l’important pour nous est d’avoir ce réflexe de chercher d’abord le Royaume des Cieux, c'est-à-dire le Seigneur Lui-même qui est en nous ; Il n’est pas à l’extérieur de nous, Il est en nous ; nous L’avons reçu au moment du baptême, au moment de la chrismation et nous le recevons à chaque fois que nous communions au Corps et au Sang du Christ ; Dieu est en nous ; alors il faut « entrer en nous » pas dans le sens égoïste mais dans le sens où nous allons vers le lieu où Dieu est avec nous ; d’ailleurs, à certains moments, pendant les Offices nous chantons : « Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? »  Nous le chantons, nous le proclamons mais est-ce que nous le croyons ? Parce que croire c’est être dans l’action de la foi – on peut dire : « oui, je crois mais quand même c’est compliqué » ; c’est souvent ce que nous disons « Oui je crois en Toi mais avoue quand même que c’est compliqué » ; et le Seigneur nr répondra : « Oui, oui, c’est compliqué mais Je suis là ; c’est cela que tu dois croire : Je suis là » et cela devient simple car Dieu mes amis est simple, c’est nous qui le compliquons ; Il est simple, Il se résume à un mot : Amour, quoi de plus simple et s’Il est amour pourquoi  avons-nous peur ? Nous avons peur parce que nous avons trop pris l’habitude héritée de nos premiers parents de décider par nous-mêmes, de trouver la solution par nous-mêmes parce que nous croyons que cela est possible ; alors le Seigneur ne nous dit pas : « Ne faites rien, ne bougez pas, tout viendra – cela va tomber du ciel comme on dit » ; non, non, cela ne tombe pas du ciel il faut aussi que nous soyons participant et c’est en participant avec le Seigneur qui est en nous que nous allons pouvoir résoudre, trouver la solution ; autrement dit il y a  comme une compénétration des deux désirs et des deux volontés : la volonté divine et la volonté humaine, le désir humain et le désir divin ; Dieu ne veut que notre bien ; regardez – évidemment nous ne pouvons pas revenir en arrière et vivre ce qu’ils vivent – mais regardez les indiens d’Amazonie comment ils vivent : ils n’ont pas de vêtements, ils mangent des herbes, ils s’arrangent pour tuer quelques animaux et ils sont heureux ; ils vivent exactement ce que je viens d’entendre dans l’Evangile ; alors peut-être ne savent-ils pas eux-mêmes que c’est Dieu qui leur procure tout cela mais ce n’est pas important qu’ils ne le savent pas puisque Dieu Lui le sait, que c’est Dieu qui les mène, qui les aide, qui les soutient et qui leur permet dans des conditions qui nous paraissent à nous invivables – si je vous dit à tous, demain nous allons partir en Amazonie et vivre comme eux, vous allez me prendre pour un fou et vous n’aurez peut-être pas tort d’ailleurs ; non, mais il s’agit de comprendre quelque chose qu’ont compris ces indiens d’Amazonie : ils ne cherchent pas plus qu’ils n’ont besoin et ils ont tout ce qu’il faut et ils créent des familles et ils ont des enfants et ils sont heureux – oh ils ont quelques soucis certainement comme nous mais ils ont des moyens, ils trouvent des moyens dans la nature, dans les herbes, dans les produits qu’ils trouvent et avec lesquels ils se soignent ; nous nous allons tout de suite chez le médecin parce qu'on a peur, on ne regarde même pas dans l’armoire de pharmacie si on a quelque chose, on va tout de suite chez le médecin, c’est lui qui vous nous guérir ; et bien non c’est d’abord Dieu qui vous nous guérir et puis après s’il le faut on ira voir le médecin.

S’abandonner entre les mains de Dieu – ce n’est pas si facile en fait, ce n’est pas si facile, il faut le reconnaître ; parce que nous avons en nous une espèce d’instinct d’autodéfense, de peur, de crainte, parce que nous ne sommes pas complètement achevés non plus, nous sommes en cours d’achèvement, Dieu continue sa création en nous et ce qui nous manque c’est cela qui nous inquiète et c’est Dieu qui va nous le donner car c’est Dieu qui continue la création, ce n’est pas nous ; nous nous y participons d’une certaine manière, chacun à notre façon et il est bon que le cultivateur cultive son terrain, que le boucher s’occupe de ses animaux, etc. Mais il est important avant tout d’avoir cet abandon entre les mains de Dieu en cherchant son Royaume qui est en nous. Il y a  une petite tradition monastique qui veut qu’à chaque fois que nous avons besoin de prendre un médicament – cela nous arrive à nous aussi vous savez – et bien avant de les avaler on les bénit c'est-à-dire qu’on demande d’abord le secours du Médecin du grand Médecin qui a permis que des hommes intelligents créent ces produits chimiques pour nous aider mais c’est d’abord à Lui que nous demandons la guérison par l’intermédiaire de l’intelligence qu’Il a donnée aux hommes et je pense que c’est un tout petit exemple qui nous permet de comprendre comment on peut envisager la vie chrétienne de tous les jours. N’ayez pas peur. Dieu est avec nous, Dieu est amour.


Amen

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