Monastère Saint Silouane

Zachée

14/1/2018 Lc XIX, 1-10

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
« La force et la grâce de Dieu se manifestent dans notre faiblesse ». Ceci pourrait être le titre du passage évangélique que nous venons d’entendre. En effet dans l’histoire de cette rencontre entre le Seigneur Jésus et Zachée il y a la manifestation évidente de la grâce de Dieu, une manifestation qui peut paraître cachée à nos yeux mais qui pourtant est bien réelle. En effet, comme il est dit, Zachée est un publicain, quelqu'un qui ne vit pas – on dirait aujourd'hui – saintement, c'est-à-dire correctement, quelqu'un qui profite un peu des autres et qui s’enrichit sur le dos des autres. Il le sait. Il le sait et c’est pour cette raison - indépendamment de sa taille puisqu’il est dit qu’il était petit - qu’il est monté dans le sycomore. Il voulait voir le Christ, il avait entendu parler de Lui comme d’un thaumaturge, comme quelqu'un d’exceptionnel, un prophète. Il voulait Le découvrir, donc il fallait qu’il monte dans un arbre sinon les autres l’auraient empêché de voir le Christ mais il y a une autres raison pour laquelle il monte dans l’arbre, c’est parce que dans un arbre feuillu on n’est pas vu, on se cache et il se cache parce qu'il sait, comme Adam au paradis, qu’il ne peut pas être vu par Dieu dans son état de pécheur. Mais là il se trompe car c’est le Seigneur Jésus qui va l’interpeller, même s’il est caché, comme Dieu dans le paradis appelle ; « Adam où es-tu ? ». Et le Seigneur dit : «  Zachée descends, descends de ton arbre. Aujourd'hui je dois entrer dans ta maison, prépare le repas ». Et Zachée obéit au Seigneur. Il est certainement troublé, il se demande ce qui se passe : comment moi, pécheur, suis-je désigné pour accueillir celui qui est, apparemment, le Saint par excellence mais il s’exécute. Alors dans plusieurs Evangiles, l’évènement est relaté avec quelques nuances et quelques détails supplémentaires. On sait que pendant le repas il y a un dialogue qui s’instaure entre le Christ et Zachée – c’était d’ailleurs la volonté du Christ - et Zachée voyant la délicatesse du Christ, la manière dont il respecte sa personne telle qu’elle est : pécheur, pauvre, misérable même, mais respecté.  Zachée voyant cela est ému dans son cœur. Il est touché par la grâce du Christ mais le Christ ne lui demande rien. Il ne lui fait aucun reproche. Il ne lui dit pas : « Tu es un voleur, il faut changer de vie ». Non, Il ne lui dit rien. Il lui a simplement demandé un service : « Prépare la table pour moi », comme Il demandera à la Samaritaine : « Donne-moi de l’eau ». C’est cela le respect de Dieu qui nous prend tel que nous sommes, dans l’état où nous sommes, au moment où nous en sommes, dans notre beauté comme dans notre laideur, dans notre richesse comme dans notre pauvreté. Il nous accueille. Il nous demande seulement quelque chose : d’ouvrir notre porte. Zachée ouvre sa porte et prépare le repas. Cela entraînera pour lui une décision qu’il prendra à haute voix devant tous ceux qui sont là : je vais rendre ce que j’ai volé et distribuer encore les choses qui m’appartiennent à ceux qui en ont besoin. Zachée est amené à changer de vie. Il se retourne. Il entre sur le vrai chemin. Alors pour nous qu'est-ce que cette histoire signifie ? Est-ce simplement un souvenir historique sympathique où cela a-t-il une résonnance dans nos cœurs ? Parce que – bien sûr nous ne sommes pas des voleurs au sens strict du terme - mais sommes-nous vraiment parfaits ? Je pense que personne ici ne va répondre oui, en tout cas pas moi. Mais ce qui est extraordinaire c’est que le Seigneur se penche sur nous, qui que nous soyons, quoi que nous ayons fait et qu’il nous offre son amour qui s’appelle miséricorde. Il nous l’offre gratuitement, généreusement et sans condition si nous acceptons de nous laisser regarder par Lui comme nous sommes. Quelle extraordinaire leçon, quelle magnifique leçon. Elle se répètera dans l’Evangile mais elle est particulière aujourd'hui, elle est significative car nous pressentons que, dans quelques semaines, nous entrerons dans le grand carême qui nous préparera à la Résurrection du Christ. Il y a encore plusieurs semaines avant d’entrer dans ce carême, les semaines que l’on appelle le Triode et nous verrons qu’à chaque dimanche il y a un Evangile qui nous prépare, qui prépare notre cœur et notre âme à entrer sur le chemin du repentir, de la conversion, du retournement intérieur et cela sera suscité non pas par nous mais par le Christ parce que Dieu nous aime, tout simplement. Dieu nous aime parce que c’est sa nature, Il est amour et Il aime sa créature, sa création, quelle qu’elle soit et quelle que soit sa faiblesse. Alors c’est pour nous comme un baume d’apaisement qui se répand sur nous, sur notre âme, dans notre cœur, de savoir que, qui que nous soyons, nous sommes aimés. Nous cherchons tous l’amour, nous avons besoin d’amour, sans amour on ne peut vivre, on le sait mais nous avons à notre disposition l’amour de Dieu qui est là comme un grand trésor dans lequel on peut puiser sans cesse. Il nous faut simplement dire au Seigneur : « Donne-moi de Ton amour ». Alors le Seigneur s’exécutera. C’est certain puisque nous venons de l’entendre dans cet Evangile qui nous encourage et qui nous met debout dans la lumière de Dieu.
Amen

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