Monastère Saint Silouane

Pharisien et publicain

14/1/2018 Lc XVII, 12-19

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen
« Seigneur Jésus aie pitié de nous ». C’est par cette prière que s’expriment les dix lépreux atteints de cette terrible maladie et qui souhaitent être guéris par le Seigneur. « Seigneur, aie pitié de nous ». Et le Seigneur les exauce, le Seigneur les envoie se montrer aux prêtres, comme c’était la coutume lorsqu'on était guéri, et pendant qu’ils cheminent vers les prêtres pour se montrer, ils sont effectivement guéris de la lèpre. La leçon que nous donne le Christ aujourd'hui est facile à comprendre : un seul sur les dix revient rendre grâce au Seigneur. Le Seigneur en est étonné et il pose la question : « Où sont les neuf autres ? ». Il attire notre attention sur le fait que sur les dix le seul qui est revenu est un étranger, un non-juif. Cela prouve, entre autre que le Seigneur peut tout faire et que les guérisons ne sont pas réservées aux chrétiens mais à tous les hommes de la terre, pour qui les chrétiens doivent prier, bien sûr, c’est notre responsabilité. La leçon c’est : pourquoi disons-nous  « Seigneur aie pitié de nous » et pourquoi ne disons-nous pas « Merci Seigneur » ? Nous autres les moines, les moniales et les fidèles aussi, utilisons ce que l’on appelle « la prière de Jésus » dont l’origine est dans ce texte : Seigneur Jésus aie pitié de nous ou aie pitié de moi et nous répétons beaucoup de chapelets en redisant la même chose, à juste titre d’ailleurs, mais pensons-nous de temps en temps à dire le chapelet en disant : « Seigneur Jésus, sois béni pour ce que tu m’as donné » ? La question vaut la peine que nous nous la posions. Nous demandons souvent des prières – et nous avons raison – pour nous-mêmes, pour nos malades, pour des situations difficiles. Il faut demander, le Seigneur nous l’a dit : « Demandez, frappez à la porte, je vous ouvrirai ». Mais là, il est étonné parce que tout le monde est venu frapper à sa porte pour être guéri et un seul est venu dire merci. Alors à nous de nous interroger pour savoir s’il y a un équilibre entre nos demandes et nos actions de grâce. Ce que nous célébrons en ce moment s’appelle « Eucharistie ». C’est un mot grec qui signifie « merci ». C’est un mot qui existe toujours : quand vous allez en Grèce, pour dire merci, n’importe où vous dites « evcharisto » mais le disons-nous au Seigneur quelle que soit la langue ? Est-ce que pendant ces deux heures que nous passons ensemble, il nous viendra à l’esprit de rendre grâce au Seigneur et pourtant il y a des prières qui vont bien dire que nous rendons grâce mais est-ce que nous serons dans ces prières ? Est-ce que notre oreille entendra des mots simplement ou est-ce que notre cœur s’ouvrira pour dire merci au Seigneur, pour ce qu’il a fait pour nous : sa mort sur la croix, sa résurrection et toutes les guérisons, pour le salut qui nous est offert ? Soyons attentifs à ce que nous faisons dans notre vie spirituelle, à ce que nous disons à Dieu. Tout à l’heure, après la Communion, nous chanterons : « Nous avons vu la vraie lumière, etc… » Est-ce que c’est simplement un chant, une ritournelle que l’on chante systématiquement après la Communion, à laquelle on ne fait guère attention ou bien est-ce que, dans ce chant, nous ferons entrer notre merci à Dieu pour ce que nous avons goûté, pour ce que nous avons reçu, son Corps, son Sang, sa bénédiction, sa paix, la joie du cœur retrouvée ? Quand j’étais petit enfant - je pense qu’on le fait toujours aux petits enfants – quand on me donnait quelque chose et que je ne disais pas merci, mes parents me disait : « Et alors, et alors … Où est-il le merci ? ». Oui, j’ai été éduqué comme cela. Alors bien sûr Dieu ne donne pas des taloches, Il a autre chose à faire mais quand même, il faut réveiller nos cœurs, nos âmes, il faut prendre conscience de nos manquements. Ce n’est pas compliqué de dire merci à Dieu quand une grâce est venue, quand nous avons été exaucés, quand un ami, une amie, une personne pour laquelle nous avons prié est exaucée. Rendre grâce, c'est-à-dire reconnaître la grâce, c’est cela que veut dire « rendre grâce », reconnaître devant Dieu que c’est Lui qui est à la source de la grâce. Alors voilà c’est tout l’enseignement simple, facile à retenir, qu’il faut vivre ; pas simplement retenir dans l’intellect mais vivre avec le cœur. Alors que le Seigneur nous apprenne à dire merci pour tout ce qu’il nous offre.
Amen

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