Monastère Saint Silouane

Mgr; Elisée: XX-ème dimanche après la Pentecôte

XX-ème dimanche après la Pentecôte
St Luc VII, 11-16
Monastère Saint Silouane
26 octobre 2025

Chers Pères, Mères, frères et sœurs en Christ !
S’il est une parole que nous devons retenir aujourd’hui c’est bien ce « Je te l’ordonne ! Lève toi ! ».
Cette parole, nous devons la garder dans notre cœur car elle est la réponse à bon nombre de nos maux ; non seulement une réponse mais aussi une méthode pour contrecarrer toutes nos peurs et nos angoisses d’hommes et de femmes contemporains; de moines et de moniales contemporains.
Mais … revenons avant tout au texte même.



Que découvrons-nous ?
 Nous voyons que dès l’arrivée du Sauveur dans la petite ville de Naïn, deux groupes distincts se croisent :
D’une part un imposant cortège funèbre et d’une autre part le Christ suivi de Ses apôtres et d’un nombre important de personnes ; « une foule nombreuse » comme le dit le texte au verset 11.
Autant dire que le symbolisme qui se dégage de cette scène est fort. 
En effet : d’évidence la Vie et la mort se rencontrent, la Vie et la mort se confrontent ; la Vie et la mort se retrouvent face à face pour ainsi dire. 
La mort étant représentée ici de façon crue et accentuée par une femme non seulement veuve, mais qui plus est par une femme légitimement atteinte dans son affectivité, et tout simplement dans sa vie, par la perte d’un jeune fils unique. 
La Vie quant à elle étant bien évidemment symbolisée par le Christ et la foule nombreuse d’hommes et de femmes qui Le suivait. 
En voyant la souffrance qui se dégageait de cette procession funéraire, le Christ s’est révélé tel qu’Il est, c’est-à-dire qu’Il manifesta à la fois Sa pleine humanité et à la fois Sa divinité : Son humanité en étant « pris de compassion », sa divinité en opérant le miracle de la résurrection.
Être « pris de compassion » est lourd de sens, puisque littéralement le verbe « compatir » signifie « souffrir avec » ; et pourtant, plus encore qu’une simple compassion humaine, cela signifie la tendresse et l’amour dont Dieu fait preuve face à notre misère ; la tendresse et l’amour de Dieu face à notre propre souffrance. En un mot : cela signifie la miséricorde dont Dieu use généreusement envers chacun de nous.
Pour le Christ une seule parole a suffit pour ressusciter le jeune homme : « Je te l’ordonne ; lève-toi ! » ; ce « lève-toi » qui sous-entend le dynamisme de la vie propre à la Résurrection du Christ, mais aussi la résurrection spirituelle que réalise l’éveil du baptême ainsi que le dit Saint Paul dans l’épître aux Ephésiens : « Eveille-toi, toi qui dors ; lève-toi d’entre les morts et sur toi luira le Christ ! » (Eph, V-14).
La résurrection du fils de la veuve présage dès à présent toutes les résurrections à venir ; comme en réponse à ces « petites morts » que nous pouvons traverser et où nous entraîne le péché, pour reprendre St Ambroise de Milan qui précise que « même si il y a péché grave que vous ne puissiez laver par les larmes du repentir ; que pour vous pleure cette Mère qu’est l’Eglise et qui intervient pour chacun de ses enfants comme une mère veuve pour des fils uniques… lorsqu’elle voit ses enfants poussés vers la mort par des actes funestes ».
Au plus profond de nous-même, soyons donc intimement convaincus que la Résurrection du Christ est la voie et la réponse à toute souffrance affective ; ce genre de souffrances dont la veuve de Naïn était en quelque sorte l’incarnation avant sa rencontre avec le Christ ; en tant qu’elle était privée d’un conjoint aimant et fidèle mais aussi d’un enfant, ce qui aurait fait toute sa joie de femme.
Si l’Evangile n’indique pas qu’elle se soit révoltée ou ait cherché des dérivatifs et échappatoires en tout genre pour fuir la souffrance à laquelle elle était acculée, c’est que tel devait être le cas : elle a su accueillir spirituellement cette souffrance jusqu’à ce que le Christ se penche vers elle dans un élan d’amour compatissant et ce, sans qu’elle ait demandé quoi que ce soit.
Comme nous l’avons dit plus haut ; ce « Je te l’ordonne, lève-toi ! » est adressé à chacun de nous.
Oui ; à chacun de nous le Christ ordonne formellement de nous lever ; c’est-à-dire que notre devoir est de nous tenir debout ; debout face à Lui ; car c’est ainsi que nous devons nous adresser à Dieu  et nous tenir devant Lui. Si nous voulons Lui rendre un culte agréable, usons de notre stature d’êtres créés à Son image et à Sa ressemblance, redressons-nous et Il nous soutiendra !
C’est dire aussi si ce passage d’évangile sur une résurrection trouve un écho pressant en nous, nous qui sommes affiliés à Saint Silouane. SOuvenons-nous de la parole qu'il a reçue du Christ: "Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas !". Et bien cette parole peut tout à fait s'accorder aujourd'hui avec celle que nous recevons par l'évangile de ce dimanche; autrement dit, le Seigneur s'adresse aujourd'hui à chacun de nous en nous disant: "Lève-toi ! Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas !" 
Ainsi, face à toutes les souffrances auxquelles nous pouvons être confrontés; deux questions doivent être présentes dans nos esprits et dans nos cœurs : 
« Croyons-nous en la Résurrection du Christ ?"  
"Confessons-nous en vérité la Résurrection du Christ ? »
Nul doute que si nous sommes tous réunis ici aujourd’hui, c’est que la réponse à cette question est positive ; alors n’hésitons pas un instant à le prouver (avec l’aide de Dieu bien sûr) ; alors déjà aujourd’hui, dans l’instant présent nous ressusciterons avec Lui et en Lui.
Amen !


 

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